16 Novembre 2015
PAUL GAVARNI / LES MAITRES HUMORISTES / ARTS PLASTIQUES
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"GAVARNI (Sulpice-Guillaume CHEVALIER, Dit Paul), célèbre dessinateur français, né à Paris en 1801, mort dans la même ville le 23 novembre 1866. Il était fils d'un simple agriculteur de la Bourgogne, qui, ayant amassé un peu d'argent, vint se fixer à Paris et s'y maria. Son fils était destiné à entrer à l'Ecole polytechnique, et reçut une éducation distinguée en dehors des établissements universitaires. Neveu du peintre Thiemet, assez connu sous le Directoire, il se sentait porté instinctivement vers les arts ; la géométrie lui inspira le goût du dessin. Il se mit à mêler des paysages, des croquis aux formules algébriques dont il couvrait ses cahiers. Bientôt on lui proposa d'occuper une place dans le cadastre, pour le levé des plans. Cette occupation lui plaisant, il alla à Tarbes, où il passa quelques années en compagnie de son ingénieur en chef, qui l'appréciait beaucoup. Ses occupations professionnelles ne lui faisaient pourtant pas perdre de vue le but qu'il poursuivait. Comme tous ceux qui débutent, il ne devina point sa vocation du premier coup. Il se croyait l'homme des sites nuageux et des points de vue enveloppés de brouillard. Les Pyrénées lui causaient un insatiable enchantement ; il faisait de fréquentes excursions, copiant ici un trait de mœurs, là un costume pittoresque, ailleurs un recoin de montagne. Ces essais, qui étaient piquants et naïfs, furent imprimés à Bordeaux; d'autres furent envoyés à un recueil en vogue, le Journal des modes; les éditeurs commencèrent à se disputer ces productions. Comme il présentait une aquarelle à Susse, celui-ci exigea une signature. L'artiste, cherchant un nom de guerre, se rappela la charmante vallée de Gavarnie, avec la fameuse cascade qui l'anime ; il n'eut qu'à supprimer le e muet, qui était de trop dans un nom d'homme, et traça sur le papier le nom qui l’illustra depuis. Au moment même, où Gavarni débutait, M. de Girardin fondait la Mode, et était à l'affût de tous les talents nouveaux. Gavarni, dont il avait remarqué une série de lithographies, devint son collaborateur assidu. Par le fait, il possédait une élégance et une distinction innées. Humann, le célèbre tailleur, disait de lui : « II n'y a qu'un homme qui sache dessiner un habit noir; c'est Gavarni. » Gavarni, une fois lancé, éparpilla son talent dans toutes les publications eu vogue, et fut universellement apprécié. Au rebours de beaucoup de ses confrères, il marcha, dès le principe, sur un sentier couvert de rosés. Les déboires ne survinrent que plus tard. Il aimait à se mêler aux foules, afin d'y saisir une phrase significative, un visage typique. L'Opéra était l'endroit où on le rencontrait le plus souvent : « Je vais à ma bibliothèque, » disait-il, quand il s'y rendait. Ses débardeurs eurent un succès fou. Ils firent leur apparition au bal des Variétés, où lord Seymour et M. de La Battut en arborèrent la livrée. Le besoin de Gavarni était d'inventer des costumes, et il ne cessait d'en inventer. […] En 1847, il partit pour l'Angleterre. Le duc de Montpensier l'avait muni d'une lettre d'introduction auprès du prince Albert; la reine des Belges l'avait recommandé à M. Meyer, secrétaire du prince, qui invita le dessinateur à venir à Windsor. Bien que patronné par le comte d'Orsay et par la haute aristocratie, Gavarni ne donna pas suite à ces relations. Par une bizarrerie de caractère, peut-être aussi par un besoin de sa nature, il s'était logé à deux pas du quartier pauvre de Saint-Gilles. Tout d'abord, il s'y était promené en flâneur; puis, y découvrant des sujets d'étude, il s'y était fixé. « On ne sait pas, écrivait-il, ce que c'est que la richesse et la pauvreté, que le luxe et la misère, que le vol et la prostitution, quand on n'a pas vu l'Angleterre. » Pour connaître tout cela, il fréquenta les plus sales faubourgs de Londres, assistant aux combats de boxeurs, aux luttes entre les terriers et les rats, aux exploits des ivrognes et des pickpockets. Ces spectacles n'auraient pas été d'un attrait bien puissant pour tout le monde, et il fallait une vocation spéciale pour s'y consacrer, Gavarni en fît d'immortelles esquisses qu'il envoya à l'Illustration. Dans cette série particulière, il semble qu'il ait eu pour but de présenter ce contraste social qui existe partout, mais qui est plus tranché qu'ailleurs dans la Grande-Bretagne, entre l'extrême luxe et l'extrême misère. Sans doute son crayon s'exerça principalement à reproduire la physionomie des classes pauvres ; mais il ne négligea pas la high life. Il a représenté des figures prises dans les loges diplomatiques, à Covent Garden ou au théâtre de Her Majesty ; la ressemblance est parfaite et le croquis est du meilleur ton. Les brouillards d'outre-Manche influèrent beaucoup sur la tournure de son esprit. Au lieu du léger et sautillant Fragonard qu'on avait autrefois, on eut une manière de Velazquez ou de Rembrandt, plus coloriste, plus fort, mais moins aimable. A son retour, Gavarni s'engagea à donner une lithographie par jour au journal Paris, tâche écrasante, qu'il accomplit pendant plus d'une année, ce qui prouve qu'il avait amassé des provisions de 1’autre coté du détroit. Bien mieux, il entreprit plusieurs séries nouvelles, tout en continuant celles qu'il avait déjà entreprises : les Partageuses, Histoire de politiquer, les Propos de Thomas Vireloque, etc. Vireloque, dit M. de Saint-Victor, est une espèce de monstre « à demi Quasimodo, à demi Diogène; » en haillons, souriant sous ses lunettes d'un sourire hideux, ayant des jambes de squelette, des mains osseuses, gouailleur et philosophe de bas étage, contemplant les misères environnantes et se moquant d'elles sans leur porter remède. Gavarni en fit un type saisissant. Vireloque, en face d'un chiffonnier tombé dans le ruisseau, ahuri par le vin, laisse échapper ces seules paroles : « Sa Majesté le roi des animaux ! » II y a une amère ironie dans certaines légendes de Gavarni ! Toute cette seconde manière est poignante. On y sent le regret que cause une jeunesse envolée ; on y devine les déchirements d'un cœur abattu. Sans cesse, l'antithèse du passé et du présent revient plus vivace ; sans cesse, le souvenir des choses évanouies. Quant à l'exécution, elle est plus ferme, plus virile. Gavarni maniait presque aussi bien la plume que le crayon. Il avait écrit un roman dont Sainte-Beuve a donné une analyse dans les Nouveaux lundis. Peytel, qui fut condamné à mort, était un ami de Gavarni et de Balzac. Ceux-ci firent tout ce qu'ils purent pour le sauver; ils n'y réussirent point, comme on sait. Louis-Philippe refusa toute grâce, et avec une certaine sécheresse. « Je n'aime point le roi, » écrivait Gavarni à une dame qu'il connaissait. Cela ne l'empêcha pas de tracer le récit des funérailles du monarque réfugié en Angleterre, et d'y déployer toutes les ressources d'un style sûr de lui-même. [...] Dans le répertoire de la première période, on n'a qu'à choisir pour rencontrer des sujets exquis. Une ex-fille de joie fait des réflexions en se levant : « Les poètes de mon temps m'ont couronnée de rosés, et ce matin je n'ai pas ma goutte... et pas de tabac pour mon pauvre nez ! » Et ce tableau terrible : Un passant fait l'aumône à une pauvresse : « Charitable monsieur, dit la mendiante, que Dieu préserve vos fils de mes filles!» Devant l'Hôtel de ville, deux gardes nationaux discutent sur les destinées de l'Europe : « Giboyeux, dit le premier, vous ne vous méfiez pas assez de l'Angleterre. - Et la Prusse, qu'en ferons-nous ? » répond l'autre. Une femme, au bal de l'Opéra, est montée sur une banquette et contemple ses camarades qui se livrent à des sarabandes vertigineuses. Au-dessous : « II lui sera beaucoup pardonné parce qu'elle a beaucoup dansé. » On ignore généralement comment Gavarni travaillait. Il avait chez lui une quantité de pierres lithographiques qu'il couvrait d'ébauches, selon 1 inspiration du moment. L'explication ne venait qu'après. Il attendait, selon son expression, que ces personnages lui parlassent : « En voilà, disait-il à des visiteurs, qui ne m'ont pas encore parlé. » Tout était, pour lui, dans le dessin et non dans la plaisanterie qu'il plaçait au bas. Un soir, il avait représenté un dandy en arrêt devant une promeneuse en toilette magnifique : « Que faut-il mettre pour légende ? demanda un marchand qui attendait. - Mon Dieu, dit Gavarni, mettez ce qui vous viendra à l'esprit, la première chose venue, par exemple : Ma blanchisseuse. » L'artiste, sur la fin de sa carrière, sembla décidé à se reposer. Il s'était marié et il avait eu deux garçons, dont l'un mourut à la fleur de l'âge. Sous le gouvernement de Juillet, M. Cave, directeur des beaux-arts, demanda à Gavarni s'il lui serait agréable d'avoir un ruban à sa boutonnière. « Sans doute, répondit-il. - Alors, veuillez signer cette pétition. Quelle -pétition? » II ne consentit jamais à se soumettre à cette formalité. Ce ne fut que beaucoup plus tard, en 1852, qu'il fut porté sur la liste des décorés de la Légion d'honneur. Il était assez sauvage, par habitude. Néanmoins, il tint à aller remercier M. de Nieuwerkerke : « J'ai voulu voir, dit-il, celui qui a eu l'idée de me faire donner la croix » II avait acheté à Auteuil, au Point du Jour, une maison de campagne entourée d'un jardin » qu'il se plaisait à cultiver lui - même. Lorsqu'il en fit l'acquisition, il se présenta devant un notaire pour signer l'acte d'achat, Vous vous appelez Gavarni, dit l'officier public. C'est vous qui avez fait tant de petites bêtises ...Comme tous les grands talents, Gavarni avait un faible pour certaines choses auxquelles il n'entendait rien. Il était blasé sur les compliments et sur les flatteries qu'on lui adressait au sujet de ses dessins. ( Farniente ) Il avait la manie de passer surtout pour un profond algébriste, et travaillait assidûment à découvrir un procédé, sûr pour diriger les ballons. Dès qu'on le mettait sur ce chapitre, il ne tarissait pas. La craie en main, devant un tableau noir, il raisonnait par a plus b, couvrait le tableau d'
Je vis le temps béni de la retraite!
J'ai retrouvé le temps de penser et de réfléchir.
J'aime beaucoup partager, aussi, au delà de quelques écrits personnels, j'essaie de vous informer des évènements et des sujets qui me plaisent...cela va de l'actualité politique, de l'art, du cinéma en passant par
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