Overblog
Editer l'article Suivre ce blog Administration + Créer mon blog

PAUL ELUARD / litterature / poesie / LIBERTE

paul_eluard.jpgEugène Grindel dit Paul Eluard, Poète français né à Saint-Denis en 1895, mort à Charenton-le -Pont en 1952.  
Fils de bourgeois aisés, Paul Eluard (qui prit pour écrire le nom de jeune fille de sa mère) poursuivit normalement ses études jusqu’ en 1911, année où, frappé de tuberculose, il entre dans un sanatorium en Suisse.
Il y passe deux ans, y rencontre Hélène, sa future épouse; la maladie ne l’empêchera pas de s’engager en 1914. 
 
Après la guerre, il se mêle aux activités dadaïstes, rencontre Breton et Aragon. En 1921, il figure parmi les premiers surréalistes.
GROUPE-SURREALISTE.JPG
Cependant, jusqu’en 1924, marié, père de famille, il exerce la métier d’agent immobilier. En 1924 il s’adonne vraiment à la littérature. En 1926 paraît Capitale de la douleur, en 1929, l’Amour, la poésie en 1930, l’Immaculée Conception, texte clé du surréalisme écrit en collaboration avec Breton. En 1930, il adhère au parti communiste, dont il sera exclu en 1933;

 sa femme Hélène le quitte pour Salvador Dali
gala.gif
(qui la nomme Gala).
Il inspira lui-même le génie Dali
eluard.jpg

 En 1938, il rompt avec le surréalisme. 
 
Bien qu’il ait été un surréaliste de la première heure, il ne semble pas qu’ Eluard ait pratiqué l’écriture automatique. Recherche de l’équilibre, de l’objectivité, quête d’une lucidité qu’il chante et demande à tous les hommes sont les traits dominants de son oeuvre. Ses premiers poèmes d’amour, notamment l’ Amour, la poésie, sont pourtant marqués par des éclats sauvages qui semblent échapper à son habituelle mesure. Mais son appartenance profonde à la poésie traditionnelle, sensible bien avant sa rupture avec Breton, transparaît nettement dans les poèmes patriotiques comme "Au rendez-vous allemand" (1944), pour s’affirmer avec les Poèmes politiques (1948).
Entre temps, il a rencontré Nusch...
20s_eluard-et-Nusch.jpg
Une nouvelle fois, son égérie va inspirer un peintre illustre, Picasso...
1938_20Nusch_20Eluard_5-PICASSO.jpg
Nusch disparait brutalement en 1946, elle s'effondre morte dans une rue de Paris.
L’engagement a pris le pas sur le travail poétique, subordonné à la propagande ou à un idéal de bonheur et de liberté universels. Cette démarche a été regardée par les uns comme une conquête, par les autres (notamment par les surréalistes) comme une démission.

Son hymne à la liberté reste pour moi une merveille de la poésie.



Liberté


Sur mes cahiers d'écolier

Sur mon pupitre et les arbres
Sur le sable sur la neige
J'écris ton nom

Sur toutes les pages lues

Sur toutes les pages blanches
Pierre sang papier ou cendre
J'écris ton nom

Sur les images dorées

Sur les armes des guerriers
Sur la couronne des rois
J'écris ton nom

Sur la jungle et le désert

Sur les nids sur les genêts
Sur l'écho de mon enfance
J'écris ton nom

Sur les merveilles des nuits

Sur le pain blanc des journées
Sur les saisons fiancées
J'écris ton nom

Sur tous mes chiffons d'azur

Sur l'étang soleil moisi
Sur le lac lune vivante
J'écris ton nom

Sur les champs sur l'horizon

Sur les ailes des oiseaux
Et sur le moulin des ombres
J'écris ton nom

Sur chaque bouffée d'aurore

Sur la mer sur les bateaux
Sur la montagne démente
J'écris ton nom

Sur la mousse des nuages

Sur les sueurs de l'orage
Sur la pluie épaisse et fade
J'écris ton nom

Sur la vitre des surprises

Sur les lèvres attentives
Bien au-dessus du silence
J'écris ton nom

Sur mes refuges détruits

Sur mes phares écroulés
Sur les murs de mon ennui
J'écris ton nom

Sur l'absence sans désirs

Sur la solitude nue
Sur les marches de la mort
J'écris ton nom

Sur la santé revenue

Sur le risque disparu
Sur l'espoir sans souvenir
J'écris ton nom

Et par le pouvoir d'un mot

Je recommence ma vie
Je suis né pour te connaître
Pour te nommer

Liberté.


- 1942 -


Ce poème provient du recueil intitulé " Poésie et vérité 42 "




Mais, s'il y a un domaine dans lequel il aura excellé, c'est celui du poème d'amour, et en attendant de le relire, je vous livre trois exemples parmi d'autres...


Je t'aime


Je t'aime pour toutes les femmes que je n'ai pas connues

Je t'aime pour tous les temps où je n'ai pas vécu
Pour l'odeur du grand large et l'odeur du pain chaud
Pour la neige qui fond pour les premières fleurs
Pour les animaux purs que l'homme n'effraie pas
Je t'aime pour aimer
Je t'aime pour toutes les femmes que je n'aime pas

Qui me reflète sinon toi-même je me vois si peu

Sans toi je ne vois rien qu'une étendue déserte
Entre autrefois et aujourd'hui
Il y a eu toutes ces morts que j'ai franchies sur de la paille
Je n'ai pas pu percer le mur de mon miroir
Il m'a fallu apprendre mot par mot la vie
Comme on oublie

Je t'aime pour ta sagesse qui n'est pas la mienne

Pour la santé
Je t'aime contre tout ce qui n'est qu'illusion
Pour ce coeur immortel que je ne détiens pas
Tu crois être le doute et tu n'es que raison
Tu es le grand soleil qui me monte à la tête
Quand je suis sûr de moi.

- 1950 -

Ce poème provient du recueil intitulé " Le Phénix "




La Courbe de tes yeux

La courbe de tes yeux fait le tour de mon coeur,

Un rond de danse et de douceur,
Auréole du temps, berceau nocturne et sûr,
Et si je ne sais plus tout ce que j'ai vécu
C'est que tes yeux ne m'ont pas toujours vu.
Feuilles de jour et mousse de rosée,
Roseaux du vent, sourires parfumés,
Ailes couvrant le monde de lumière,
Bateaux chargés du ciel et de la mer,
Chasseurs des bruits et sources des couleurs,
Parfums éclos d'une couvée d'aurores
Qui gît toujours sur la paille des astres,
Comme le jour dépend de l'innocence
Le monde entier dépend de tes yeux purs
Et tout mon sang coule dans leurs regards.

- entre Oct. 1924 et aout 1926 -

Ce poème provient du recueil intitulé " Capitale de la douleur "






L'amoureuse

Elle est debout sur mes paupières

Et ses cheveux sont dans les miens,
Elle a la forme de mes mains,
Elle a la couleur de mes yeux,
Elle s'engloutit dans mon ombre
Comme une pierre sur le ciel.

Elle a toujours les yeux ouverts

Et ne me laisse pas dormir.
Ses rêves en pleine lumière
Font s'évaporer les soleils,
Me font rire, pleurer et rire,
Parler sans avoir rien à dire.

- entre 1914 et 1921 -

Ce poème provient du recueil intitulé " Capitale de la douleur "

Au delà du temps, les poètes comme Paul Eluard nous autorisent encore à rêver dans un monde où certains voudraient ne nous parler que d'intérêts....
Alors, je voudrais moi aussi crier ton nom "LIBERTE"...

Retour à l'accueil
Partager cet article
Repost0
Pour être informé des derniers articles, inscrivez vous :
À propos
ANDRE

Je vis le temps béni de la retraite! J'ai retrouvé le temps de penser et de réfléchir. J'aime beaucoup partager, aussi, au delà de quelques écrits personnels, j'essaie de vous informer des évènements et des sujets qui me plaisent...cela va de l'actualité politique, de l'art, du cinéma en passant par
Voir le profil de ANDRE sur le portail Overblog

Commenter cet article