La poésie en temps de guerre.
Je suis un enfant de Ferrat et de tant d'autres. J'ai chanté, fredonné mille fois et plus encore, ses plus grands succès, ses plus belles chansons. Dans "La femme est l'avenir de l'homme", il clamait ceci : "Le poète a toujours raison".
Par extension, voilà que je me pose la question : la poésie a-t-elle toujours raison ?
Par exemple, aujourd'hui, en ces temps de guerres et de déchirures, où chaque pays, chaque société semble devoir se choisir des ennemis et des alliés, pour ensuite dénoncer les crimes des uns et légitimer ceux des autres : la poésie aurait-elle raison de s'évertuer à nous parler d'humanité, de beauté, de justice, de paix et d'amour ? A-t-elle raison de clamer tout simplement que rien ne justifiera jamais la mort d'un seul enfant sur cette Terre ? A-t-elle raison d'allier le coeur à la raison, en toutes circonstances, en toutes occasions ? A t-elle raison de voguer obstinément à contre-courant de l'air du temps ? A-t-elle raison de défier la raison du plus fort, à coup d'alexandrins, à coup de métaphores ? Cela semble si dérisoire, et pourtant… Moi qui me dis poète, je pense que oui, évidemment : un poème, une chanson, valent parfois mieux que mille discours. Quand l'obscurité se rapproche, quand le désespoir, la peur ou la haine nous guettent, la poésie est cette petite lueur en nous ; Cette voix qui résonne, ces mots qui nous touchent, nous réveillent, nous interpellent, nous émerveillent ; Et qui d'une certaine manière aussi, nous raisonnent.
HK