Avec Satingarona pt. 2, The Bongo Hop tient, deux ans après un premier album unanimement salué, les promesses d’un prédécesseur qui avait posé un regard neuf sur les métissages afro-caribéens.
Toujours accompagné de sa complice Nidia Gongora (Quantic, Ondatropica) ou du producteur Patchworks (Voilaaa), le globe trotter bordelais repart à la recherche de nouveaux terrains de jeu, aux cotés du rappeur Greg Frite (ex-Triptik), du chanteur haïtien Kephny Eliacin, ou encore de Laurène Pierre-Magnani (Lord Rectangle) et Cindy Pooch (Tikaniki).
Avec Satingarona Pt.2, The Bongo Hop évolue, surprend, tout en restant fidèle à ses deux fondements : le souffle et la danse.
Là où d’autres musiciens se font connaître petit à petit, The Bongo Hop est arrivé, lui, dans la musique de nulle part. Débarquant à Lyon d’un long exil à Cali (Colombie) avec ses compositions sous le bras, Etienne Sevet avait alors croisé la route du producteur Patchworks. Les souvenirs d’une vie à Cali passés au filtre du quotidien brillaient d’un éclat plus fort encore, dans la grisaille du retour en France. A Lyon, entre le métro et son domicile, le trajet sous la pluie en rêvant du lointain soleil du Valle, voyait naitre les compositions du Satingarona Pt. 1 qui n’avaient pas eu le temps d’éclore en Colombie.
Dès l’ouverture de ce nouveau volume, le premier titre incarne ce va et vient: Grenn Pwonmenné rejoue la semba angolaise entendue au Cap Vert... à la sauce haïtienne! C’est Kephny Eliacin qui chante des paroles évoquant la surexploitation de la terre et la déforestation en Haïti, reflet de celle qui fait rage en Colombie. La chanson est une balade entre ces trois lieux, dans un paysage abimé, mais avec un message d’espoir : il n’est pas trop tard.
La Carga, elle, est partie d’une anecdote, confiée par Chris Kirkley, (Sahel Sounds) qui avait découvert un matin près de son campement en plein désert, les restes d’un avion vénézuélien éventré et calciné, et des traces de camions partant vers le Nord… C’est sur cette idée que La Carga (le chargement) fut proposée à Nidia Gongora, portée par une rythmique de désert rock, une forte présence de guitares et de cuivres oppressants.
Plus légers, L’autre Quai et Jashu, n’en sont pas moins des cartes postales douces-amères. Celle où Greg Frite, MC antillais parisien fantasque, incarne un personnage qui susurre à son alter ego qu’il est temps de se décider à avancer, comme une invitation à le rejoindre ailleurs.
L’album se clôt sur un (quasi) instrumental, sensuel et nonchalant, Sonora, rappelant que, si le projet donne la priorité à la voix et à la danse, les cuivres y ont leur importance.
Il y a au fond chez ce musicien, qui se considère plus artisan qu’artiste, le souci simple de faire danser. The Bongo Hop propose avec ce second volet un voyage toujours aussi remuant, suintant l’Amérique Latine et la Colombie, mais ouvrant de nouveaux horizons océaniques. Car ce qui caractérise The Bongo Hop, c’est d’être une musique transatlantique et de savoir exprimer l’âme de cet océan qui baigne différentes cultures, comme autant de variations à l’infini d’un idéal métissé et opaque, selon la formule d’Edouard Glissant.