Gunnar Ellwanger (Guitares, voix lead), Joao Francisco « Jeff » Preto (Basse, harmonica, banjo, percussions, voix) et David Jarry Lacombe (Batterie et claviers, voix) peuvent parler et vibrer musique pendant des heures. Des Gladiators aux Dubliners en passant par Leonard Cohen tout est prétexte à des joutes musicales sans fin.En 2013 Gunnar (se prononce Gounar) délaisse ses groupes d’anti-folk, de rock progressif ou encore de pop soul pour revenir aux sources : ce sera le blues. Un blues moderne, rugueux là où il faut, léger comme un voyage permanent. Il partage alors des locaux de répétition avec David et Jeff qui après quinze ans en section basse batterie dans diverses formations étaient orphelin de projet, moment idéal et pour créer Gunwood Circle qui très vite deviendra Gunwood, trio délicatement viril aux voix qui s’entremêlent harmonieusement. En 2015 apparaît un premier EP accompagné d’une première partie de Hugh Coltman au Trianon et d’une tournée en Allemagne, pays où Gunnar a passé son enfance.
Le papa de Gunnar, physicien et amoureux de la guitare, a donné le virus au fiston. Le top départ était lancé. Gunnar se met à voyager géographiquement et dans les livres. Un séjour en Irlande, où il rencontra Shane MacGowan à qui il fit signer sa fidèle guitare folk, donne un indéniable son celte à leur rock. La lecture assidue d’Hermann Hesse (Le loup des steppes, Narcisse et Goldmund) non seulement se retrouve dans plusieurs textes de ce premier album, mais donne aussi une indication sur la volonté de liberté et d’universalité de Gunwood.
Ces trois gars loin de toutes nostalgie sont nés à la bonne époque puisque le son des années 90 est passé sur leurs racines et si bluegrass, folk ou blues constitue la base de leurs influences, ils ne sont pas privées d’écouter Rage Against the Machine ou Radiohead. Comme les rencontrer constitue une véritable révision de cinquante années de musique, on se tournera inévitablement vers les dames, et si Joan Baez ou Janis Joplin ont leur place c’est vers Feist que se tourne leur admiration du moment. A quand un duo d’ailleurs ? Tout est possible pour eux, c’est ainsi que « pour le fun » ils viennent de reprendre Girls just want to have fun de Cyndi Lauper, façon soirée entre amis au coin du feu.
Cet album enregistré au studio Ferber en plein mois d’août où Paris s’apaise enfin a été réalisé essentiellement par Gunnar et attention, se balader dans les 12 titres de Traveling Soul donne un sourire immédiat. Les images affluent on y devine beaucoup de sourires de paysages rêvés et de soleil, on y trouve aussi de belles valeurs simple et humanistes, comme dans le morceau d’ouverture Traveling Soul qui parle du « voyage, quête de soi-même sans fin, recherche interminable d’une vérité, d’un bonheur perdu qu’on ne re trouve jamais, recherche d’une nouvelle ligne de départ ». Si les guitares sonnent toujours justes, la rythmique toujours de bon goût, la diversité de cet album est imparable, du plus stoniens I Wanna Betray Myself au nerveux Daydreams au plus tendres More et Tales, cet album fait voyager dans les musiques qu’ils aiment.
Dans ce magma cohérent de leur culture musicale un nom émerge, celui de Neil Young, plus celui de Rockin’ in the Free World que celui d'Harvest et quand on leur demande quel serait leur rêve absolu, après un silence réglementaire fuse LA réponse : « Que Neil Young reprenne un jour un titre de Gunwood ». Joli challenge les gars. On va vous y aider.