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Mangez-le si vous voulez / ROMAN DE JEAN TEULE / LITTERATURE

Mangez-le si vous voulez / ROMAN DE JEAN TEULE / LITTERATURE
Mangez-le si vous voulez / ROMAN DE JEAN TEULE / LITTERATURE

L'action se passe à Hautefaye (Dordogne) durant la guerre de 1870 : pris pour un Prussien à la suite d'un malentendu sur ses propos, un jeune aristocrate, Alain de Monéys, est molesté par des habitants du village, puis torturé et mis à mort dans des conditions de brutalité inouïe.

Dans l'épilogue, les condamnés aux travaux forcés à perpétuité au bagne de Nouvelle-Calédonie sont surnommés par les détenus « goûte graisse », « bien cuit », « à point », « la grillade ». Jean Campot, qui a porté les premiers coups et immolé de Monéys reçoit le patronyme de la victime qu'il finit par adopter. Libéré pour conduite exemplaire après trente années de bagne, il reste dans l'île et a, avec une Canaque, des enfants qu’il déclare sous le nom de Monéys, nom qui existerait toujours en Nouvelle-Calédonie.

ALAIN DE MONEYS

ALAIN DE MONEYS

Jean Teulé nous livre dans un style très personnel le récit très surprenant d'un fait divers survenu à Hautefaye le 16 août 1870, quelques jours avant l'avènement de la troisième république, suite à la défaite des armées françaises face à la Prusse.

 

L'horrible drame qui s'est joué dans ce petit village de Dordogne a été l'une des plus dramatiques affaires criminelles de la fin du 19 ème siècle. 5 personnes seront guillotinées en place publique à Hautefay même, fait assez rare où la guillotine fut amenée sur place.

 

Ce petit livre mérite d'être lu ou relu dans ces périodes de barbaries et d'obscurantisme.

Le soir du drame, les habitants des alentours sont déjà au courant des évènements de Hautefaye. Certains protagonistes se vantent de leurs actes, Piarrouty parle des trois coups de balance qu'il a assénés à la victime, madame Antony raconte que son métayer, Mazière, est revenu exalté de Hautefaye en lui disant « Oui, nous avons tué et cramé le Prussien, je l'ai frappé et je ne m'en repens pas. Il ne voulait pas crier « Vive l'empereur ! ». D'autres espèrent une récompense : Pierre Sarlat et le tailleur de pierre François Cholet croient qu'ils seront payés par l'empereur pour avoir brûlé Monéys.

Les châtelains du voisinage, épouvantés par l'affaire, craignent le retour des jacqueries et certains, dont les Monéys, se constituent en groupes de défense pour faire face à une éventuelle attaque des paysans. Cette peur affecte même la ville de Nontron, qui craint un épisode similaire aux jacqueries des croquants qui ont touché le Périgord au XVIIe siècle. Marbeck constate qu'à la psychose des « gentilshommes prussiens », qui est à l'origine du lynchage de Hautefaye, répond la psychose des « fourches levées ».

Deux jours après les faits, la presse régionale se fait l'écho du drame. Le Charentais du 18 août, puis Le Nontronnais du 20, parlent d'actes de sauvagerie, de barbarie, Le Nontronnais utilisant le terme de « cannibales » pour qualifier les paysans. La presse nationale, avec Le Moniteur universel du 23 août, relate également le drame.

L'affaire remonte jusqu'au gouvernement. Le 20 août, le ministre de l'Intérieur, Henri Chevreau, répondant à l'interpellation d'un député sur les soulèvements paysans qui se déclarent dans le pays, condamne le supplice de Hautefaye : « un acte de sauvagerie a été accompli récemment à Nontron et sera l'objet de la réprobation générale. Un citoyen a été brûlé au milieu d'une population qui n'a pas eu l'énergie de s'opposer à un crime aussi odieux ».

Le 27 août, en vertu d'un décret daté du 24, Bernard Mathieu est destitué en public de sa fonction de maire de Hautefaye par le préfet de la Dordogne ; il est remplacé à titre provisoire par Élie Mondout, conseiller municipal.

Un nouveau palier dans l'opprobre sur le village est atteint quand, à la chute de l'Empire, Alcide Dusolier, devenu sous-préfet républicain de la Dordogne, voyant dans ce village un foyer de rébellion bonapartiste, préconise au préfet de rayer Hautefaye de la carte en effaçant son nom et en l'annexant comme arrondissement à Nontron. La proposition est transmise au ministre de l'Intérieur. Mais face à l'opposition du maire par intérim et ensuite de Martial Villard, le nouveau maire — qui objectent que le droit ne reconnaissant que la responsabilité pénale individuelle, il ne saurait incriminer tout un village pour des actes commis par des individus qui ne sont pas tous originaires de Hautefaye — le projet de débaptiser le village est abandonné.

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À propos
ANDRE

Je vis le temps béni de la retraite! J'ai retrouvé le temps de penser et de réfléchir. J'aime beaucoup partager, aussi, au delà de quelques écrits personnels, j'essaie de vous informer des évènements et des sujets qui me plaisent...cela va de l'actualité politique, de l'art, du cinéma en passant par
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