18 Octobre 2010
La solitude, la peur et le poète
Un homme a peur. Seul, dans une rue déserte, il tressaille en apercevant son ombre, un homme a peur.
Ses pas martèlent le pavé, et la nuit, sans pitié, renvoie l’écho troublant.
Les maisons endormies sont bien trop silencieuses, pour l’homme qui a peur.
Depuis des jours, depuis des mois, le moindre bruit, la moindre chose, le tiennent en haleine, depuis des jours, depuis des mois, il cherche à oublier sa peine.
Et chaque soir il se promène, pour alléger sa chaîne, et chaque soir, un peu plus, il s’englue dans sa haine.
La peur, quelquefois vous rend fou, elle vous harcèle, la nuit dans une rue, le jour derrière la porte, elle vous suit et vous apporte un désir de hurler trop longtemps contenu, un désir que l’on hait jusqu’à n’en pouvoir plus.
Tout avait commencé six mois plus tôt, dans le parc de la mairie, ce parc dans lequel il ne peut plus faire un pas sans frémir de douleur.
Pourtant, cela s’était passé simplement sur le moment.
Elle était arrivée, comme d’habitude, un peu en retard, elle lui avait souri, puis tout avait changé.
Son sourire ressemblait au coucher du soleil, un peu pâle, comme attristé de devoir disparaître, mais qui s’en va tout de même.
Mais le soleil, lorsqu’il s’enfuit à l’horizon, ne nous quitte que pour un temps, le temps que la lune nous parle de son grand amour impossible, de son amour pour le soleil qu’elle n’ose jamais attendre le matin, lorsqu’il s’éveille.
Etait-elle comme la lune qui change si souvent de quartier, la seule chose que je sais, c’est qu’il ne la revit jamais.
Pour une fois qu’elle faisait penser au soleil, il avait fallu que ce soit jour d’éclipse.
Bien sûr, généralement, quand un amour s’en va, inutile de pleurer, mais quand l’Amour s’en va, que faut-il espérer ?
Il n’espérait plus rien, l’homme au cœur trop sensible, comme l’oiseau qui chaque jour trouvait les miettes de pain sur la fenêtre, il revenait toutes les nuits pour retrouver sa raison d’être.
Peut-être n’avait-ce été qu’un mauvais rêve, peut-être l’attendait-elle, mais les nuits sont trop brèves pour l’amoureux fidèle, et l’aurore qui parait, chaque jour plus cruelle, ne laisse que regrets, solitude et détresse.
Oui, c’est la solitude qui engendre sa peur, une peur souveraine de rencontrer l’amour et d’y croire à nouveau, une peur de la haine, ce terrible fléau.
Il avait cru souvent, il avait cru vraiment, mais l’ordre est immuable, que le cœur soit soleil ou lune interchangeable.
Que de fois avait-il, vers le lever du jour, tendu ses bras vers elle, que de fois avait-il pu lui crier son amour.
Reniant le soleil, il attendait le soir, il rêvait sans sommeil, il contenait l’espoir, il fouillait les nuages, essayait de la voir, mais ce n’était plus elle, plus le même visage.
Et mille et une nuits, il avait cru par delà sa tristesse, que la lune tiendrait toutes ses promesses.
Mais ce matin il a compris que le poète est pour la vie esseulé dans la nuit, éclatant au soleil, mais inlassablement le soleil se couche, c’est à nouveau la nuit.
Et pour que le poète puisse chanter et écrire, il doit encore pleurer, il doit toujours souffrir.
André Obadia
Je vis le temps béni de la retraite!
J'ai retrouvé le temps de penser et de réfléchir.
J'aime beaucoup partager, aussi, au delà de quelques écrits personnels, j'essaie de vous informer des évènements et des sujets qui me plaisent...cela va de l'actualité politique, de l'art, du cinéma en passant par
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