26 Novembre 2022
Un grand boucan far west hispano polonais où l’ivresse d’un Tom Waits tituberait dans un film d’Emir Kusturica.
Une guitare à 4 cordes tirée sur une caisse qui se désaccorde au gré des émotions, c’est avec elle que s’ouvre “Tout ce qui ne vaut rien”, hymne à nos vies grains de sables qui filent entre nos mains, la voix poète de Mathias sur les choeurs de La Mòssa, quintet polyphonique, s’envole comme un cri d’enfant sur une berceuse de mère attentionnée. Car ce nouvel album n’est pas que Colère, il est aussi deuil. Du deuil de la trompette naît le chœur, le cri, une nouvelle vie.
Ce feu qui réchauffe les harmonies de Boucan, se déchaine d’un vent de l’est, Bruno cherche ses mots en guttural, yaourt en polonais, sa flamme vient aussi de l’Amérique, du désert de Tucson, mais aussi de l’Espagne. Il est banjo, il est trompette avec Nathanaël Renoux qui a remplacé Piero dans le Tigre des platanes, il est violon, avec Mathieu Werchowski, qui signe aussi la pochette du disque en collage. C’est d’ailleurs de cela qu’il s’agit, la musique s’écrit, ici, comme un collage, un clin d’oeil au reggae sur “Je sifflerai” alors que les guitares bidons s’enragent, on casse des cailloux Cayenne, sur “Prison” avec la voix magique de la chanteuse Jur, on hurle des choeurs de résistance, militants pudiques, sur “C’est un ordre”.
Que la mort nous fiche la paix ! Colère Mammouth, cherche la vie, la paix, même au milieu du pire des mois de novembre, il vacille de mélancolies, en espoirs, se termine en fanfare par “La Duende”, un grand boucan far west hispano polonais, où l’ivresse d’un Tom Waits tituberait dans un film d’Emir Kusturica. C’est d’ailleurs Oz Fritz compère de ce dernier qui mixe l’album en Californie, les chats noirs et les chats blancs se retrouvent toujours quand tombe la nuit.
Texte :
Les drapeaux brûlés
Les barreaux limés
Les fenêtres ouvertes
La bière offerte
Tout ce qui ne vaut rien
Les débordements
De la mémoire
Les bouteilles pleines
De consolation
Tout ce qui ne vaut rien
Le bruit de tes pas
De ta présence
Comme un oiseau rare
Sur mon épaule
Tout ce qui ne vaut rien
Un enfant rebelle
Un homme debout
Une vie si belle
Et la mort au bout
Tout ce qui ne vaut rien
Les défauts des fées
Les gueules défaites
Les ballons percés
Et tout ce qui fuit
Tout ce qui ne vaut rien
Le froid de l’hiver
Le jus de l’orange
Le sourire d’un vieux
Ta main sur ma main
Tout ce qui ne vaut rien
La main de ton père
Le sein de ta mère
Les rires de ton fils
En ton absence
Tout ce qui ne vaut rien
Les poignées de main
Sur le coeur de l’hiver
Les éclats de rire
Plantés dans le pied
Tout ce qui ne vaut rien
Les tours de piano
Et les fausses notes
Les éraillements
Du train de ma voix
Tout ce qui ne vaut rien
Les jeux sur ta peau
Le fil du rasoir
Le poil de la bête
Les murs qu’on abat
Tout ce qui ne vaut rien
Les histoires d’amour
Coupées au couteau
Flottant sur le temps
Ou noyées dedans
Tout ce qui ne vaut rien
Les journées perdues
Aux bras des secondes
De la nuit qui vient
Comme un aimant
Tout ce qui ne vaut rien
Le fil d’un visage
L’orage d’un cul
La plainte d’une âme
La vie d’un humain
Tout ce qui ne vaut rien
Le vaut bien.
Je vis le temps béni de la retraite!
J'ai retrouvé le temps de penser et de réfléchir.
J'aime beaucoup partager, aussi, au delà de quelques écrits personnels, j'essaie de vous informer des évènements et des sujets qui me plaisent...cela va de l'actualité politique, de l'art, du cinéma en passant par
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