7 JAWS
Dans un rap où il est désormais permis de se montrer vulnérable, Enzo n’est pas du genre à feindre ses émotions. Sa carapace s’est fendue au gré des coups qu’il a appris à encaisser. Ceux que la vie lui a porté, en le laissant se construire dans un climat familial délétère, comme ceux qu’il a reçus à travers ses douze années de pratique des sports de combats. C’est d’ailleurs un ultime taquet pris sur le ring, brisant sa mâchoire et ses chances de poursuivre une carrière professionnelle, qui lui fait adopter l’identité de 7 Jaws.
Un jour qu’il déambule seul dans les rues de Tokyo, le jeune artiste fait la rencontre fortuite du photographe Nabile Quenum. Au contact d’un véritable passionné, Jaws réalise que nul n’est dans l’incapacité de vivre de ses rêves. Il jure alors que son existence prendra le sens que lui seul voudra lui donner. De retour dans l’Hexagone, Enzo quitte Sarrebourg et sa Lorraine natale pour la banlieue parisienne, et prend définitivement la musique comme nouveau sac de frappe.
À travers le rap, 7 Jaws a su mettre des mots sur ses maux, qu’il extériorise par à- coups, avec toujours plus de vigueur et d’aisance. Compulsifs, ses textes sont un entremêlement de sentiments profonds et complexes, parfois contradictoires, Jaws apparaissant tantôt sûr de sa force, tantôt empreint de doutes et de rancœur. Sur « Lvl 1 », le rappeur résume l’étrange dualité qui caractérise ses titres en parlant de « bangers conscients » : des morceaux calibrés pour faire trembler les murs des clubs, mais qui entrouvrent la porte de son fort intérieur, où l’humeur n’est paradoxalement pas à la fête.