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avant-première du film Do Me Love le 13/03 au St André des Arts / CINEMA / ACTUALITE

avant-première du film Do Me Love le 13/03 au St André des Arts / CINEMA / ACTUALITE
Do Me Love
un film de Lou Viger et Jacky Katu
avec Lizzie Brocheré, Christine Armanger, Valérie Maes, Patrick Zocco
 
SORTIE NATIONALE LE 30 MARS 2016
Les Découvertes du St André
 

 

 

Wide Management & Les découvertes du St André présentent : Do Me Love
Festival du Nouveau Cinéma de Montréal - Sélection Officielle
Festival Pocket Films Forum des Images - Sélection Officielle
 
Tout commence avec un homme et une femme dans une banlieue désertée. Ils font l’amour à même la table, comme on livre une bataille. Lui a la cinquantaine et n’est plus qu’un homme marié. Elle est jeune, excessive, débarque de nulle part. Très vite, le sexe ne suffit plus, l’errance persiste, il faut trouver une échappatoire. Provoquer le drame, se battre ou s’enfuir ? Ici, chacun lutte pour avoir le fin mot de l’histoire.
Peut-on dire que Do me love raconte une histoire d’amour ?
Jacky Katu : En quelque sorte, oui, même si les histoires d’amour n’ont jamais rien à voir avec les bluettes et les romances que l’on nous raconte pendant toute l’enfance, et même encore après. La question pour moi était plutôt : comment raconte-t-on, en 2016, une histoire d’amour au cinéma ? Pas un sublime mirage, mais une histoire tangible, charnue, complexe, de plain-pied avec l’époque. Comment s’y prend-on ?
Lou Viger : Ce qui me fascine dans les histoires d’amour, c’est le paradoxe entre leur trame terriblement banale et leur caractère irréductible. Il y a d’abord l’intensité des débuts, puis vient l’empêtrement, enfin le dénouement dramatique (mort de l’amour ou de l’un des amoureux). Et pourtant, chacun persiste à dire « tu ne peux pas comprendre », chacun vit son histoire comme si elle était unique, et justifie tout ou presque par le cas particulier. Il faut relire Barthes et ses Fragments d’un discours amoureux.
Jacky Katu : Dans ce film, nous avons essayé de passer au scanner cette chose étrange qu’est le couple, d’ausculter les rapports de force entre hommes et femmes, de sonder le mystère de la jouissance, de jongler avec la quille « romance » et la balle « sexe », en mélangeant le trivial et le sacré.
 
Il semble d’ailleurs que le film mêle plusieurs histoires d’amour. Il y a, du moins, plusieurs actrices pour un même personnage…
J. K. : Faire jouer un même personnage par deux comédiens est un classique du théâtre, mais c’est assez rare au cinéma. L’exemple le plus célèbre reste celui du film de Buñuel, Cet obscur objet du désir, où le rôle de Conchita est joué par deux actrices très opposées. Dans le cas de Do Me Love, l’idée première était de transcrire l’expérience d’un homme qui ne sait pas s’il a affaire à une ou plusieurs personnes. Il y a plusieurs interprétations possibles. Il peut s’agir d’un fantasme, d’une mémoire troublée, d’une personnalité multiple, ou encore d’une femme réduite à un rôle – celui de la jeune maîtresse –, qui la rend très facilement substituable. Mais le film laisse planer le doute. C’est aussi ce qui fait la magie du cinéma, pouvoir superposer plusieurs niveaux de conscience et plusieurs temporalités.
L. V. : Une histoire d’amour se joue toujours à plus de deux personnages. Parce que l’autre prend plusieurs visages, projetés ou non. Mais aussi parce que l’amour que l’on porte est multiple.
 
 
Pourquoi la sexualité prend-t-elle tant de place dans la première moitié du film ?
J. K. : Parce que le point de départ d’une histoire, c’est souvent le sexe. Ici, le sexe, et rien que le sexe, est un préalable à toute esquisse de sentiment. Les deux personnages ne se connaissent pas, échangent à peine quelques mots, mais ils se jettent l’un sur l’autre et font l’amour à même la table, comme on livre une bataille. C’est aussi l’un des paris de Do Me Love : la représentation du désir physique, qui taraude si fort aujourd’hui le cinéma d’auteur, en France et ailleurs.

Comment avez-vous filmé ces scènes de sexe ?
L. V. : On s’est employé à dépeindre une sexualité crue, sans fard, avec ses maladresses. Ces scènes sont fébriles, parfois frénétiques, impudiques, sans être obscènes. Les corps sont baignés de lumière froide et la caméra cerne l’intimité au plus près. Le rapport sexuel devient à lui seul un langage. C’est d’ailleurs a priori le seul lien qui unit Juliette et Etienne, pris dans l’urgence d’assouvir leurs désirs. S’ils sont unis dans leurs ébats, leur communication est défectueuse et incertaine. Une fois la jouissance terminée apparaissent à nouveau le désarroi et l’insécurité.
J. K. : Nous avons filmé les scènes d’amour en pensant à ce que dit Oshima : « filmer deux personnes en train de faire l’amour, c’est comme filmer deux personnes en train de mourir ».

Comment le film s’est-il tourné ?
J. K. : Do Me Love a été écrit très vite. Cette rapidité est la matière émotionnelle du film, sinon son sujet : foudroiement et mort de l’amour, vitesse des sentiments. Tout va vite, va et vient, la vie passe en courant. L’élan, la pirouette, le ping-pong verbal animent la plupart des dialogues du film, dialogues vifs et espiègles, cruels, vicieux,
ou mélancoliques. Ils relèvent aussi parfois du journal intime, d’une sorte de parlé-écrit.
L. V. : Le film a été tourné avec un appareil photo numérique, un petit Lumix Panasonic qui tient dans la paume de la main, pas un mastodonte comme il s’en fait aujourd’hui. Cet appareil possède beaucoup d’avantages : des capteurs très sensibles et une grande légèreté, qui permet de filmer avec une très grande mobilité.
J. K. : Nous avons choisi de tourner avec des comédiens, Lizzie Brocheré, Patrick Zocco, Christine Armanger, Valérie Maes, dont les visages ne sont pas familiers pour la plupart des spectateurs. Sans préjuger de ce qu’aurait été le film avec des stars et un décor parisien, il est certain que ces visages vierges, ou presque, concourent à faire lever la pâte. Si rien n’est familier, tout est possible.
 

Do Me Love est-il un film de genre ?
L. V. : Nous revendiquons au contraire un film « transgenre ». C’est d’ailleurs un problème pour les diffuseurs, qui peinent à définir le type de public auquel il se destine. Est-ce une comédie dramatique ? Oui, tout du long… Est-ce un film d’auteur ? Aussi… Est-ce une romance ? Parfois, par petites touches. Est-ce un film pornographique ou érotique ? Chacun a sa définition des catégories…
J. K. : Do Me Love est un film inclassable, un film « sauvage », qui ne répond pas aux critères du CNC. Le film sauvage, c’est « l’autre ». Le barbare, le non-civilisé, le primitif. On le regarde d’un oeil curieux, méfiant, on le rejette. C’est un film qui a toutes les chances de ne jamais voir le jour.
L. V. : Un film sauvage se construit presque dans une lutte des classes, entre le monde du cinéma institutionnel, celui de la loi du marché, et un cinéma de rue qui pousse sans permission comme les herbes folles et qui peine à percer dans le béton que sont les mégastructures. C’est un film à tout petit budget, avec pour marque de fabrique l’énergie débrouillarde du cinéaste et son acharnement à faire son film.
 
Comment vous êtes-vous rencontrés ?
L. V. : A une avant-première d’un film d’Agnès Merlet. Nous avions tous les deux l’humour du désespoir et de l’absurde, et une folle envie de faire, de créer. Jacky est un ancien chercheur en sciences sociales reconverti en cinéaste, je venais tout juste d’entrer dans mon cursus en sciences humaines. Nous avons des références communes en philo, en socio, en politique, et un amour commun pour le cinéma débridé. Nous ne nous sommes jamais quittés depuis.
 
30, rue Saint-André des Arts
75006 Paris
 

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À propos
ANDRE

Je vis le temps béni de la retraite! J'ai retrouvé le temps de penser et de réfléchir. J'aime beaucoup partager, aussi, au delà de quelques écrits personnels, j'essaie de vous informer des évènements et des sujets qui me plaisent...cela va de l'actualité politique, de l'art, du cinéma en passant par
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